Sinon, à part ça, je n’ai pas beaucoup publié. Je n’avais pas la foi, comme un manque de rage. Un flux intérieur continu, la sensation de ressentir le vieillissement cellulaire. C’est drôle comme à chaque approche de la dizaine, on trouve une excuse pour se convaincre qu’on est encore jeune : « Là, ça va, franchement, le pire, c’est la dizaine d’après ». » Je me suis demandé si à 90 ans, tu te disais toujours ça. C’est important, la relativité.
Ma lutte du moment, c’est de prendre la tête aux gens qui me disent que les jeunes ne sont pas bosseurs, qu’ils sont cons, feignants et débiles. J’ai eu la maladroitesse de le (presque) penser une ou deux fois, mais j’ai vite évacué le truc de ma tête. On va rester factuel et partir du principe imparable (qui devrait clore le débat) que les jeunes ne peuvent pas naitre idiots. On est tous identiques à la naissance, vierges, bruts comme un reset d’iPhone. Si on part du principe que les jeunes sont feignants, c’est que la société les a menés à cet état (ou que l’on se trompe). Si on accepte le fait qu’ils sont feignants, c’est donc de notre responsabilité de ne pas avoir réussi à les motiver. Alors, la prochaine fois que tu penses toujours ça, flagelle-toi avec un balai ou ton Dyson pour leur avoir laissé un monde pourri. Deuxièmement, et même s’ils étaient feignants (ce qui ne veut rien dire), il faut comparer les jeunes à l’environnement en cours et pas les jeunes de maintenant avec ton environnement d’avant. C’est comme les francs constants ou les francs variables. Dire que la baguette coutait 1 franc ne veut rien dire. C’est un argument du Front national pour leurrer ceux qui regardent TF1. Voilà pour le côté math. Pour le reste, n’oublie pas que chaque génération a critiqué la nouvelle. Que l’évolution, c’est comme le marché en immobilier, c’est lui qui fait la loi, pas toi. Le futur, ce sont eux. Ça te fout peut-être la rage, mais ce sont eux les patrons. Discute avec eux et tu verras qu’ils sont carrément conscients du monde qui les entoure. Je me dis qu’on a bien été matricé pour croire que le boulot, c’était la vie. (Perso, ça n’a jamais marché chez moi.) Dès le lycée, j’ai senti l’arnaque.
On vit une transition incroyable, tout est remis en question. Le bitcoin a bouffé la monnaie de singe, les genres disparaissent, on repense toutes les fausses vérités. Ton boulot pourri, ils n’en veulent simplement pas et je les comprends. Tes politiciens de merde aussi touchent le fond. Ta gauche/droite, c’est du vent. Ton schéma familial à l’ancienne, c’est terminé. Il y a des baffes qui se perdent et elles ne sont pas pour eux, mais pour toi.
Ou l’envoyer à quelqu’un de bien.