Les travaux

Sinon, à part ça, je me suis arrêté à ma future maison en construction. Je n’aime pas trop cette dichotomie entre ouvriers et maîtres d’ouvrage. Je ne me sens pas très à l’aise, je déteste cette position. J’arrive avec mon BMX, tout beau de la douche, avec mes sapes de lumière, un dédorant tout frais et mes lunettes de soleil sur la tronche.

Face à moi, des types qui portent l’usure du temps sur eux. Pantalons, vestes, mains et visages fatigués. C’est le package all-inclusive de l’artisan. Dans ces moments, je joue le client hyper sympa qui accepte tout pour ne pas faire le bourgeois relou. J’ai toujours envie de leur crier que je suis né dans les montagnes vosgiennes et qu’à 15 ans, je faisais le mur de chez moi en bleu de travail, un pack de kronembourg dans le dos et que je franchissais deux cols pour retrouver mes potes en forêt. Mais je pense qu’ils s’en foutent de mes origines agricoles. En vérité, si tu es trop cool avec les artisans, tu te fais marcher dessus. Ils sont capables d’enlever un arbre centenaire sous prétexte qu’ils ne peuvent pas manœuvrer. Sans compter que les types me parlent technique. Sauf que moi, pas de bol’, je ne capte rien à la technique et je m’en cogne. En parlant de ça, sur le retour j’ai croisé le boucher du coin qui m’a parlé du manque de logements saisonniers. Que le bâtiment qui a servi à loger les migrants pourrait aussi servir aux saisonniers l’été. Pas con comme remarque pour un boucher. Il a enchainé sur le fait que trop de monde vendait des poulets en hiver et que ce n’est bon pour personne. En vérité, j’avais déjà décroché. Je me suis étonné qu’on puisse passer des migrants au poulet aussi vite. J’ai aussi pensé que les migrants avaient vite été oubliés à cause des Ukrainiens et maintenant des agriculteurs.

Je me suis persuadé que si j’avais habité le Nord, je ferais des reportages photos de ces migrants qui débarquent sur nos plages. Je me suis donné bonne conscience en me disant que j’habite loin et suis allé boire un café confortablement assis en terrasse. En vrai si j’étais vraiment courageux, j’irais le faire mon reportage photo…


Tu peux aussi le garder pour toi.
Ou l’envoyer à quelqu’un de bien.
🔗 Copier le lien de cette page :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *